Dans le centre-ville royannais, on créa un tramway hippomobile dans le parc, qui resta une ébauche peu utilisée. En 1885 et jusqu’en 1891, il reliait les stations de Pontaillac à l’ouest (devenu le quartier « chic »), au Parc de Royan à l’est, où se côtoyaient les villas Belle-Epoque.

Le premier tramway, très rudimentaire, relia dès 1874 la Grande Côte au nord de Royan, au Galon d’Or (plage de la Côte sauvage), au-delà du Phare de la Coubre, puis Ronce-les-Bains, à la pointe de la Presqu’île d’Arvert. Fonctionnant à la demande, il ne servait qu’à quelques initiés.
Ce tramway fut construit pour faciliter la circulation le long de la côte sauvage, où les dunes de sable évoluant au gré des marées rendaient le cheminement des hommes et des bêtes très compliqué.

A cette époque, l’avancée du sable dans les terres inquiétait la population locale : les villages étaient menacés, l’estuaire de la Seudre se comblait peu à peu. Ce qui justifia la plantation de forêts de pins maritimes, de pieux et branchages tout le long de la côte atlantique.
La décision fut donc prise de créer ce tramway tiré par des chevaux, ce qui protégeait la forêt hautement inflammable, puisque balayée par des vents violents.
Le tracé couvrait une distance de 23 kilomètres, depuis la Grande Côte jusqu’au Pertuis de Maumusson en face de l’île d’Oléron, en pleine forêt, et desservait sur le parcours cinq maisons forestières, qui abritaient des écuries. Il fallut attendre 1913 pour que la ligne soit prolongée jusqu’à Ronce-les Bains, à l’extrémité de la presqu’île d’Arvert. L’écartement des rails était de 1,01m avec rails à patins en fer posés sur des traverses en pin (plus rarement en chêne).
A partir de 1903, furent menés des essais de traction avec automotrices à pétrole. Cette ligne de tramway forestier fut au final rapidement abandonnée. La demande était plus forte pendant la saison estivale, dans des proportions moindres puisqu’il fallait obtenir l’aval de l’administration et réserver une voiture pour son utilisation avec chauffeur, en prévoyant l’heure de départ. La ligne fonctionna épisodiquement jusqu’en 1923. C’est à cette époque que survint l’événement qui allait redonner vie au tramway de Royan : la location à la société Decauville d’un tramway à vapeur sur des rails d’un écartement de 0,60m.
Lors de l’exposition universelle de 1889, le maire de Royan, Frédéric GARNIER, fut enthousiasmé par la découverte du petit train. Il informa son conseil municipal que Decauville était prêt à installer son tramway à Royan. Après de multiples tractations, la construction démarra en juin 1890. Le trajet couvrait au départ la distance de la gare à Pontaillac, en passant par la grande conche de Royan.
L’inauguration eut lieu en août 1890 en présence du Ministre des Travaux Publics, Monsieur Yves Guyot, du Maire Frédéric Garnier et bien entendu de Paul Decauville.

Cinquante trains circulaient chaque jour, toutes les 15 minutes, de 8h à 20h. le prix du transport était de 0,25 francs en seconde classe et 0,50 francs en première.

En octobre 1890, le tramway avait transporté près de 162 000 voyageurs. En 1891, du matériel neuf fut livré, les arrêts étaient prévus toutes les 12 minutes et le trajet fut prolongé jusqu’à Saint Georges de Didonne.

Les difficultés financières de la société Decauville conduisirent les élus de la ville à demander en 1894 la rétrocession de l’exploitation à une nouvelle société créée pour l’occasion : la Société Générale des tramways de Royan.
Sur la grande côte également :
Le prolongement du trafic jusqu’à la Grande Côte fut mis en œuvre en 1896 par la signature d’un décret d’utilité publique entre le Préfet et la nouvelle Société du Tramway de la Grande Côte de Royan. En 1897, une convention entre les deux sociétés et acceptée par le préfet, décida que l’administration du tramway sur la totalité du parcours serait commune et gérée par la société de Royan. Ce qui fut confirmé par un décret en 1903.
Les comptabilités devaient rester cependant distinctes. L’exploitation n’en était obligatoire qu’en été, entre juillet et septembre, avec 4 voyages par jour. Les trains quittaient donc Saint Georges de Didonne pour la Grande Côte, et étaient littéralement pris d’assaut, sur une longueur totale de plus de 15 kilomètres.

Le service reprit après la Guerre de 1914, et le tramway de Royan devint une attraction extrêmement populaire, qui fit la renommée de la ville dans l’entre-deux guerres.
Le tramway forestier :
Le but de l’allongement de la ligne était de permettre le voyage jusqu’à la pointe de la presqu’île d’Arvert à la Tremblade. La première partie du trajet fut d’abord accepté jusqu’à Ronce-les Bains.

Le premier train comportait 4 tombereaux basculants, un wagon plat et 1 voiture fermée à voyageurs au nouvel écartement. Des écuries étaient prévues pour les chevaux affectés aux voyageurs, comme à ceux de l’Administration.
Le trajet commençait à la grande Côte, et remontait le long de la côte, par La Palmyre, le phare de la Coubre, le Galon d’Or et jusqu’à Ronce. Des restaurants furent ouverts sur le parcours.

L’inauguration eut lieu le 28 juin 1924, date du centenaire de la forêt de la Coubre. A cette époque, la traction à vapeur ou à charbon n’est pas autorisée. Seuls la traction animale, le pétrole, l’électricité ou l’essence pouvaient être utilisés. La capacité de chaque voiture est de 50 personnes et la vitesse maximale de 25 kilomètres/heure.

Des automotrices furent commandées, puisque la vapeur n’était pas autorisée. C’est l’entreprise Campagne, spécialisée dans la fabrication de draisines, qui fut sollicitée. Les deux séries répondaient au même cahier des charges : moteur à essence, avec des sièges en bois pour la première série, en cuir rouge pour la seconde. Elles ne pouvaient tracter que deux voitures.
Le tracé sur de longues distances plates était adapté à ces automotrices, tandis que le circuit dans la ville de Royan, qui obligeait à de nombreux changements de vitesse, ne répondait pas à leurs capacités.

La concession prendra fin en 1944, après l’arrivée des premiers autocars, qui remplacèrent au printemps des wagons ouverts et seulement pourvus de rideaux, ce que les voyageurs n’acceptaient plus pour des raisons de confort.
En janvier 1945, Royan fut détruite à 85% par les bombardements des alliés et les voitures très abîmées, ne purent être sauvées. Les matériels restants furent récupérés par un ferrailleur en 1948.

merci à Magali pour cet article, sans oublier Christian et Denis…